Le scandale sur les fraudes et détournements sur l’importation du pétrole depuis plusieurs années, en toute impunité, est une vaste entreprise de corruption sophistiquée mise en place par les auteurs. La complexité du système, son organisation et ses méthodes permettent d’avoir une idée du silence observé par certaines autorités depuis des années. Chaque jour apporte son lot de révélations et renseigne sur le fonctionnement de cette nébuleuse qui profitait à plusieurs personnes surtout à certaines autorités.
Les pilleurs q u i s’agitent depuis un certain temps en cherchant à se faire passer pour des hommes propres qui faisaient leur travail en toute honnêtetés sont presqu’assurés de leur protection par les complices et bénéficiaires de leurs crimes économiques. Ils cherchent désespérément à renverser les preuves mais le feuilleton n’est en réalité qu’à ses débuts. Si le Togo est un pays normal, l’ensemble de ceux qui ont siégé dans ce fameux CSFPPP devaient déjà se retrouver au frais, le temps de situer les responsabilités. On ne peut pas comprendre que ces gens nommés par arrêté interministériel dans une structure publique se permettent d’offrir des cadeaux (voitures de luxe, bijoux, billets d’avions, résidences, argent cash, prise en charge médicale à l’extérieur) à leurs supérieurs dont ils dépendent administrativement et juridiquement sans que personne ne se pose la question de la provenance des fonds qui servent à ces cadeaux.
Les milliards détournés sur l’importation du pétrole n’ont pas uniquement servi à garnir les comptes bancaires des pilleurs et à leur permettre de mener une vie insolente, mais cette manne a servi également à graisser les pattes de plusieurs autorités afin que la machine à fraude continue de tourner en toute quiétude. Nous avons fait cas, dans nos parut ions précédentes, du traitement spécial que les membres du CSFPPP, pour être précis le père et fils Adjakli, réservaient aux différents ministres du Commerce dès leur prise de fonction et tout au long de leur séjour dans ce département. L’ancienne ministre du Commerce aujourd’hui député à l’Assemblée nationale Mme Essozimna Bernadette Legzim-Balouki était la plus grande bénéficiaire de cette entreprise de corruption, mais pas que. Nos projecteurs sont braqués aujourd’hui sur deux résidences construites à Kegué à la va vite.
En venant du marché de Hédzranawoé en direction de Sagboville, dans l’avant-dernière rue avant les feux tricolores du petit contournement, se dressent deux somptueuses villas sont les travaux viennent de s’achever. Ce site, selon nos informations, est une réserve administrative qui a servi de base-vie à la société qui a bitumé cette route. Et depuis quelque temps, cette réserve administrative abrite ces deux villas collées et même une troisième non encore achevée. Selon plusieurs sources, c’est un membre, et non le moindre du CSFPPP, qui les a fait bâtir. Les ouvriers ayant bossé sur le site, s’en sont d’ailleurs ouverts aux riverains. Et depuis, ces deux villas seraient devenues la propriété d’une personnalité ayant exercée des fonctions ministérielles.
Un responsable du CSFPPP qui envoie ses entrepreneurs et ouvriers construire deux villas qui deviennent plus tard la propriété d’un ancien ministre, il faut chercher à comprendre non seulement les dessous de cette collusion, mais aussi cette magnanimité débordante et légendaire. Cette petite réserve administrative a-t-elle été rétrocédée par l’Etat ? Si oui, à qui et par quel mécanisme ceux qui viennent d’ériger les deux villas encore inhabitées ont-ils pu l’acquérir ? Ces deux résidences collées ont été construites après que l’autorité bénéficiaire a quitté ses fonctions. Il est question avec ce scandale de mettre en lumière les différents pans de ce réseau dense mis en place, l e s auteurs, complices, bénéficiaires, bref toute la chaine de complicité. Quelle part de responsabilité de l’OTR ? Lo r s q u ‘ o n a b o r d e certains aspects de ce scandale, on ne peut pas passer sous silence le rôle de l’OTR, puisque ce sont des taxes et impôts qui doivent revenir dans les caisses
de l’Etat.
En scrutant la structure des prix, on peut se faire rapidement une idée de toutes les taxes qui reviennent à l’Etat sur le litre du pétrole. La société Management Hydrocarbure devenue depuis bientôt un an Togo Phenix Corporation au numéro d’identification fiscale 1001582028 appartenant exclusivement à ADAJKLY Francis Sossah, a fait des transactions depuis des années. L’OTR s’est –il penché sur le côté fiscalité de toutes ces transactions depuis des années? L’achat, la vente aux marqueters, la plus-value dégagée sur cette partie, la plus-value ou moins-value dégagée sur l’arbitrage du dollar sont-ils passés au scanner du fisc ? Il serait également intéressant de comprendre p a r q u e l subterfuge ceux qui avaient les prérogatives de commande refusaient de payer les droits de stockage à la STSL. Quelle comptabilité était tenue au niveau de Management Hydrocarbure ?
En attendant que l’OTR fasse son travail, toutes ces questions trouver ont prochainement une réponse. Au moment où l’Etat n’a pas les moyens pour financer les recherches sur la COVID 19 afin de sauver des vies humaines, pour équiper les hôpitaux et centres de santé, construire des écoles modernes et adaptés, d’autres utilisent les fonds détournés pour construire des résidences luxueuses à des ministres dans la capitale. Bon à suivre.