Les Forces démocratiques pour la République (FDR) invitent les forces vives de la nation togolaise à une remobilisation afin de sauver le Togo du naufrage. Cet appel a été lancé samedi dernier à Lomé lors de la rentrée politique de ce parti de l’opposition à laquelle ont participé plusieurs fédérations. Une occasion pour les responsables des FDR d’entretenir les militants qui ont fait massivement le déplacement de la foire Togo 2000, sur les défis de l’heure, surtout qu’il y a des échéances électorales en vue.« Citoyens, fédérons nos énergies pour sauver le Togo du naufrage » était le thème retenu.
Le clou de cette rentrée politique des FDR était le message du président du parti, Me Paul Dodji Apevon qui, après s’être réjoui de la mobilisation des militants, les a appelés à travailler sans relâche pour l’enracinement du parti, éviter la compromission et la facilité et être tolérants avec tous ceux qui se battent sincèrement et dans l’adversité pour le changement. Le président des FDR a fait un état des lieux de la situation chaotique que traverse le Togo sous le régime de Faure Gnassingbé qui se comporte comme en territoire conquis.
Sur le plan social, rien ne va au Togo. « En effet, notre cher pays le Togo va mal, très mal et c’est un euphémisme de dire que notre tissu social est en lambeaux, même si les tenants du pouvoir, dans leur stratégie d’endormissement et de manipulation des populations, tentent de nous faire croire de manière artificielle que nous sommes au pays des merveilles », a fait remarquer Me Paul Dodji Apevon. Et de pointer du doigt le terrorisme qui est devenu un drame national, mais devant lequel les dirigeants refusent de communiquer. « Le plus inquiétant est que l’appel du chef de l’Etat à une cohésion nationale pour une meilleure riposte contre ce fléau est devenu, comme d’habitude pour les tenants du pouvoir, un slogan sans lendemain », a-t-il ajouté.
Et pourtant, le parti avait déjà proposé des mesures pour créer les conditions de cette cohésion sociale, notamment la décrispation du climat politique. Malheureusement, aucune action n’a été engagée « et rien ne laisse présager une quelconque disponibilité du chef de l’Etat en ce sens ». « Pour ce qui concerne la décrispation du climat politique, le parti FDR avait demandé au chef de l’Etat de faire prendre une loi d’amnistie pour permettre à tous les prisonniers arrêtés et détenus pour des faits politiques ou d’opinion d’être libérés et à tous les exilés de rentrer au bercail », a rappelé Me Apevon. Mais c’est au Mali qu’on voit plus Faure Gnassingbé en médiateur pour la libération des 49 militaires. « Pour banaliser ces questions cruciales pour la paix dans notre pays, nous les entendons souvent déclarer de manière cynique qu’il n’y a pas de prisonniers politiques au Togo. Nous nous demandons si Kpatcha Gnassingbé, Djimon Oré, Jean-Paul Omolou et autres actuellement en prison, Tikpi Atchadam, Agbéyomé Kodjo, Mgr Kpodzro et autres en exil, le sont pour avoir volé des poulets ou pour avoir escroqué quelqu’un », s’est-il demandé.
L’année 2023 va connaître deux élections principales. Déjà, le parti FDR se préoccupe de l’issue de ces scrutins quand on connaît le sort que le régime leur a toujours réservé. Cette formation politique a déjà appelé à la révision profonde du cadre électoral, en renonçant à la fraude, à la tricherie et à la manipulation des résultats. Aujourd’hui, les conditions d’un vrai climat démocratique n’existent pas au Togo. C’est d’ailleurs un secret de Polichinelle. Mais le pouvoir a tout fait pour empêcher le peuple de les réclamer en verrouillant les espaces de liberté, notamment en trafiquant la loi sur les manifestations publiques. « Leur objectif pour la conservation du pouvoir est d’anéantir toute velléité de contestation dans le pays pour donner l’impression à l’extérieur d’un climat apaisé au Togo. Mais une paix imposée par une loi liberticide, par la peur et des intimidations est une paix de façade, une paix précaire car aucune dictature, aussi féroce soit elle, n’a jamais réussi à réduire définitivement au silence un peuple », a souligné le président des FDR. Et donc le peuple finira par réagir, surtout que les richesses du pays se retrouvent entre les mains d’une minorité rapace qui s’enrichit sans limite.
Me Paul Dodji Apevon est revenu sur les cas de corruption dont est victime notre pays sous le régime actuel, notamment le détournement des fonds alloués pour la construction de la route Lomé-Vogan-Anfoin, la dilapidation des fonds consacrés à l’organisation de la CAN 2013 et le scandale financier dénommé « Petrolegate ». « Ces révélations n’ont nullement ébranlé le régime pour l’amener à mettre fin à cette prédation. Bien au contraire, les journalistes qui font leur devoir de veille citoyen sont plutôt pris pour cibles, menacés et condamnés avec la suspension de leurs organes de presse », a-t-il noté.
Il n’a pas passé sous silence le scandale financier qui fait grand bruit actuellement dans le pays. « Si le gouvernement a tout fait pour étouffer ce cas de détournement en niant leur existence, il a été rattrapé et mis à nu par le récent rapport de la Cour des compte sur le fonds de Riposte et de Solidarité Covid-19 (FRSC), gestion 2020. Ce rapport a en effet révélé sans aucune ambiguïté de nombreux cas de malversations financières, de fraudes avérées et de graves entorses aux règles élémentaires de la gestion publique. Mais, au lieu de saisir l’opportunité de ce rapport comme un signe des temps et faire amende honorable en reconnaissant pour une fois les manquements mis à jour par le rapport ou au moins se taire, les tenants du pouvoir, comme à leur habitude, se félicitent de manière scandaleuse du contenu dudit rapport. Ils ont même eu l’outrecuidance d’organiser avec ceux qui disent être des élus du peuple et qui doivent défendre son intérêt, une séance extraordinaire de l’Assemblée nationale pour justifier l’injustifiable », a déclaré le président des FDR pour qui la comédie organisée avec les députés mardi dernier ne pourrait pas avoir lieu lorsqu’ils étaient à l’Assemblée nationale. Et de regretter le boycott des élections législatives du 20 décembre 2018 par l’opposition.
Le président des FDR a profité de l’occasion pour, une fois encore, lancer un appel à la remobilisation, non pas seulement à l’endroit des partis politiques de l’opposition, mais de tous les Togolais, qu’ils soient « magistrat, avocat, huissier, notaire, enseignant, médecin, architecte, chef d’entreprise, commerçant, militaire, gendarme, policier, douanier, agriculteur, artisan, évêque, prêtre, journaliste, étudiant, élève, apprenti » pour qu’ils prennent conscience du désastre dans lequel notre pays est plongé. « Face à ce drame de gouvernance chaotique qui hypothèque dangereusement notre avenir, je lance un vibrant cri de détresse pour que nous sortions de nos torpeurs, de nos lâchetés, de nos résignations, pour que nous cessions de ruminer dans le silence nos désarrois, cessions de nous réfugier dans nos zones de confort ou de choisir carrément le camp des oppresseurs », a-t-il lancé aux populations togolaises.
Il regrette la situation qui prévaut entre les partis de l’opposition qui se querellent au lieu de faire face au régime. Me Paul Dodji Apevon appelle tout un chacun à un examen de conscience afin de réorienter la lutte. « Cessons nos critiques stériles qui nous amènent à ne voir le mal que chez l’autre. Enlevons les poutres dans nos yeux avant de demander aux autres d’enlever les pailles dans les leurs. Cessons nos commérages, nos médisances et nos méchancetés gratuites à vouloir la destruction de l’autre pour pouvoir émerger. Quelles que soient les fautes réelles ou supposées de l’autre, il peut encore apporter quelque chose à la lutte commune. Apprenons à nous accepter, à supporter nos différences, à tolérer les opinions contraires aux nôtres. Pardonnons-nous nos offenses pour pouvoir recréer l’espoir du changement car le Créateur lui-même nous pardonne nos propres fautes tous les jours », a-t-il appelé.
Pour lui, il faut redonner la parole au peuple, créer un rapport de force pour faire face au pouvoir en place. Les FDR sont prêtes pour des alliances électorales, mais pas à n’importe quel prix.