Suspension de l’initiative ITIE : le Togo paie pour sa non-transparence

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Le Togo est membre de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) depuis 2013 et doit produire des rapports chaque année pour plus de transparence dans le secteur minier. Mais depuis quelques années, l’opacité qui entoure la gestion de ces industries dans le pays  amène à ne pas rendre compte à temps des activités extractives à cette organisation norvégienne. Ainsi, le Togo qui devrait produire son rapport de 2020, ne l’a pas fait et, du coup, se retrouve temporairement suspendu.

Depuis le 1er février dernier, le Togo n’est plus membre de ITIE. Le Conseil d’Administration de cette organisation l’a suspendu temporairement pour défaut de publication de rapport pour l’exercice fiscal 2020. « Le Togo ne peut pas prétendre à une prorogation de l’échéance de rapportage pour l’exercice fiscal du 1er janvier 2020 au 31 décembre 2020. L’échéance de publication du rapport en suspens demeure le 31 décembre 2022. Conformément à l’Article 7, Section 4 de la Norme ITIE, le Togo est temporairement suspendu. La suspension sera automatiquement levée si le rapport est publié dans les 6 mois suivant la date limite de rapportage », a publié le Conseil d’administration de l’ITIE sur son site internet.

Les principes de l’ITIE sont les bonnes pratiques de la transparence et de la redevabilité dans la gouvernance du secteur extractif, notamment les secteurs pétrolier, gazier et minier. Et chaque membre s’engage à divulguer les informations sur l’ensemble de la chaîne de valeur de l’industrie extractive – allant des conditions d’octroi des droits d’extraction, à la manière dont les revenus parviennent au gouvernement et profitent à la population.

Visiblement, le Togo a du mal à faire siennes ces pratiques en publiant avec transparence les rapports sur les activités de ces industries extractives chaque année. Ce n’est pas étonnant quand on sait qu’il y a une opacité totale qui entoure ces sociétés qui extraient les ressources minières dans le pays. Aujourd’hui, difficile de savoir qui gère le phosphate au Togo. On parle de l’augmentation de la production. Mais personne ne sait comment les fonds sont gérés, ni celui qui a la  mainmise sur cet argent. Une gestion chaotique entoure l’exploitation et la vente de ce minerai au Togo.

Parallèlement, les zones dans lesquelles les phosphates sont exploités sont devenues aujourd’hui des localités sinistrées avec des populations qui manquent de tout. Il en est de même pour la société WACEM dont les activités ont sinistré la ville de Tabligbo et ses environs. Là aussi, les chiffres ne sont pas déclarés comme il se doit. Les Indiens, responsables de cette boîte, agissent en territoire conquis et gèrent la société dans une opacité qui ne dit pas son nom.

Dans ces conditions, on peut comprendre que depuis 2020, le Togo n’arrive pas à produire un rapport en toute transparence sur les activités des industries extractives dans le pays, puisque les bonnes pratiques ont déserté ces sociétés.

La situation est telle que cette suspension provisoire du Togo ne semble interpeller ni les responsables de ces sociétés, ni les gouvernants. La prévarication peut continuer.

Voilà encore un autre volet de la corruption qui gangrène le Togo depuis des années. Il y a quelques jours seulement,  de Transparency International a publié son rapport sur l’Indice de perception de la corruption (IPC) l dans le monde. Et le Togo traine encore derrière en se classant parmi les pays les plus corrompus en Afrique subsaharienne. Et pourtant, ce ne sont pas des commissions pour lutter contre le phénomène qui manquent.

A vrai dire, ces institutions sont créées pour servir de faire-valoir et appâter les partenaires financiers. Récemment, on a déploré le fait que  la Haute autorité de prévention et de la lutte contre la corruption et les infractions assimilées (HAPLUCIA) dont l’équipe dirigeante ait été remplacée après avoir passé six (06) ans à tourner en rond, malgré les scandales financiers et autres dossiers de détournements qui abondent .

Dans tous les cas, le Togo a encore six (06) mois, selon la décision de l’ITIE, pour envoyer son rapport sur l’exercice fiscal 2020. On espère que les concernés pourront sortir de leur bulle et s’exécuter. La bonne gouvernance et la transparence dans la gestion du pays ne se décrètent pas. C’est une pratique qui doit se sentir au quotidien pour le développement du pays et l’épanouissement de la population qui n’a que souffert de la gestion chaotique des biens communs.

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