Titre: Le Dernier Activiste
Dans un récent interview avec Egountchi Behanzin, le militant panafricain exprime son combat né en prison, motivé par la négrophobie, visant à instaurer un monde sans discrimination. Il critique la démocratie occidentale et défend une adaptation aux valeurs africaines. Soutenant les nouveaux dirigeants du Niger, du Burkina Faso et du Mali, il les compare à l’héritage de Thomas Sankara. Il propose un système parlementaire adapté à l’Afrique et condamne le coup d’État constitutionnel au Togo, appelant à renverser le régime actuel. L’activiste, arborant des dreadlocks et un chapeau à la Che Guevara avec des lunettes claires, incarne la vigueur révolutionnaire, s’inspirant des figures telles que Thomas Sankara ou Patrice Lumumba. Ses mots marquants incluent : “On ne peut pas modifier une constitution avec des députés illégitimes” et “Je compte mourir sur la terre de mes aïeux.”
Voici l’exclusivité de notre entretien
Pouvez-vous expliquer le début et la motivation de votre lutte panafricaine ? Quel est votre parcours ?
Tout d’abord, le tout début de ma lutte a pris naissance entre les quatre murs de la prison où j’ai été enfermé à l’âge de 18 ans, victime d’une erreur judiciaire en France, victime de négrophobie, victime de ma négritude, comme dirait Aimé Césaire. Et les motivations de ma lutte panafricaine naissent de cette cellule de prison où mon corps a été enfermé, anéanti. De là, j’ai décidé de forger mon esprit, mon propre chemin de libération pour les miens afin de faire advenir un monde meilleur à la génération à venir et qu’on n’enferme plus un homme parce qu’il est grand et noir et donc coupable!
Êtes-vous en faveur de la démocratie ? Comment envisagez-vous l’avenir de l’Afrique en termes d’indépendance politique et économique, et comment vos actions s’inscrivent-elles dans cette vision ?
Qu’est-ce que la démocratie pour vous ? Est-ce démocratique lorsque les pays occidentaux décident, avec la complicité des vassaux à la tête de nos états, et de l’ingérence politique, financière et monétaire en Afrique? Est-ce démocratique lorsque tout est fait pour les intérêts de l’Occident et non des peuples africains?
Saviez-vous que la démocratie est une institution qui a des racines en Afrique, et tout le monde connaît l’arbre à palabre sous lequel chacun doit se courber pour pouvoir discuter et arriver à un consensus. Alors, si la démocratie est semblable à l’arbre à palabre de nos pères, alors je suis démocrate. Mais quand la démocratie est prise en otage par une petite oligarchie impérialiste avide de pouvoir et de bonnes affaires au détriment des hommes du peuple, alors je suis contre cette démocratie occidentale falsifiée et empoisonnée par un capitalisme meurtrier sans scrupules qui oppresse le prolétariat, que ce soit en Afrique, en Europe ou en Amérique. Car je ne suis pas pour le capitalisme blanc occidental ni la tropicalisation des concepts de démocratie occidentale en Afrique, mais pour une démocratie avec nos propres paradigmes, idéologies, valeurs et traditions africaines. Voilà comment nos actions s’inscrivent avec LDNA (Ligue de défense noire africaine) dans l’avenir de l’Afrique.
Vous avez récemment exprimé un soutien ouvert aux nouveaux dirigeants du Niger, du Burkina Faso et du Mali. Pensez-vous qu’ils favorisent la règle démocratique ? Il y a beaucoup de critiques concernant la manière dont ils sont arrivés au pouvoir.
Absolument, je soutiens complètement ces courageux militaires qui ont rejoint mon appel aux corps constitués de 2020 à prendre leurs responsabilités face aux valets de la France-Afrique qui dirigeaient tous nos pays. Ces hommes Traoré, Goita, Tiani, etc., sont à l’image de notre héros à tous : le capitaine Thomas Sankara. Ces hommes, que l’histoire jugera sur leurs actes, marchent sur les pas du capitaine Sankara. Et l’histoire nous dira s’ils ont marché dans le prolongement du chemin qu’il a tracé. J’espère qu’ils réussiront ce tour de force. En tout cas, même si tout choix politique est sujet à débat, on peut tous être fiers de leur travail, de leur abnégation, car il y a encore de nombreux valets locaux de la France-Afrique dans nos pays, et la pieuvre France-Africaine se débat fébrilement dans une marmite en ébullition et s’active à retarder le plus longtemps possible la libération de nos pays. J’en profite pour rappeler qu’il est temps que les militaires patriotes africains prennent leurs responsabilités chacun dans le pays où il est et finissent le travail commencé par Thomas Sankara. Une fois que chacun aura fait son travail, son devoir, alors nous aurons construit une Afrique rayonnante, prospère, libre, souveraine et un phare de lumière pour l’humanité.
Quelle est votre opinion sur le système parlementaire de gouvernement ?
Je pense qu’il faut adapter le régime parlementaire à nos fondamentaux dont nous avons hérité de nos pères. Je pense que s’il y a une Chambre des Lords en Angleterre ou un Sénat élu par des maires en France, alors je pense qu’il faut une Chambre des Rois d’Afrique, par exemple, pour rejeter des lois promues par des parlementaires élus par le peuple. C’est une des nombreuses propositions du manifeste politique de la LDNA. Un parlementarisme de cette forme, avec des hommes et femmes intègres soucieux de leur population, serait une version moderne de gouvernement enracinée dans nos traditions ancestrales multi millénaires. Et je n’ai pas besoin de préciser que nous n’avons pas attendu l’Europe pour parlementer des lois qui régissent le peuple dans nos royautés et empires, que les Occidentaux ont découverts en envahissant l’Afrique pour détruire la civilisation africaine qui influence aujourd’hui le monde en science, écriture, médecine, etc.
Enfin, le parlementarisme sans contre-pouvoir est un ennemi du peuple, car il devient le serviteur de la démagogie, des petits roitelets économiques et politiques. Le débat démocratique authentique est un combat de tous les jours qui demande notre vigilance face aux bonimenteurs et aux manipulateurs de toute sorte que nous connaissons très bien en France-Afrique.
Que pensez-vous de l’amendement constitutionnel en cours au Togo, qui suscite de nombreux débats ?
Je pense que ce coup d’État constitutionnel est une agression, une insulte, un mépris envers le peuple togolais qui vit sous une dictature depuis 60 ans, de père en fils. Ce coup d’État, appelé modification de la constitution sans consulter le peuple, est une façon pour ce président illégitime, dictateur de la pire espèce, d’annuler les élections présidentielles de 2025 pour continuer à régner sur le pays à vie, avec son petit clan, tout en servant les intérêts de la France et de ses maîtres occidentaux. Le Togo d’aujourd’hui, depuis l’assassinat du seul président légitime et héros de la nation Sylvanus Olympio, est tout sauf un pays. C’est plutôt un camp de concentration, une prison à ciel ouvert. Car tout est faux et tout le Togo est en faillite, car les dirigeants s’adonnent à la corruption, la gabegie, la malversation financière, les crimes contre l’humanité, les assassinats et les emprisonnements de populations, etc. Nous disons à Faure Gnassingbé qu’on ne peut pas modifier une constitution avec des députés illégitimes, qui n’ont plus de pouvoir législatif puisque leur mandat est terminé depuis la fin de l’année 2023, et vouloir l’imposer ensuite à la population. Le peuple togolais ne veut pas et n’acceptera pas ce nouveau coup d’État constitutionnel que Faure Gnassingbé et ses complices soutenus par la France veulent faire. Le Togo est un camp de concentration où les populations vivent dans la précarité et la misère, dans l’oppression. C’est le coup d’État constitutionnel de trop. Est-ce que ceux qui nous parlent de démocratie pourraient accepter la même chose chez eux? Alors pourquoi veulent-ils toujours imposer leur dictateur et leurs agissements criminels au peuple africain? Nous avertissons fort Gnassingbé et son clan en lui disant qu’il peut encore sauver sa peau en laissant le pouvoir et en arrêtant ce coup d’État constitutionnel, car cette fois-ci le peuple togolais ne fera pas marche arrière. Soit les militaires togolais prennent leurs responsabilités, soit le peuple le fera par les armes, en utilisant toutes les forces nécessaires pour libérer le pays.
Quels sont, selon vous, les points communs et les différences entre les dirigeants que vous avez soutenus et le président du Togo ?
Bonne question : il n’existe pas de points communs entre les dirigeants de l’AES que nous soutenons et le vassal serviteur de la Françafrique comme le dirigeant du Togo. La différence : des militaires qui expulsent des valets de la Françafrique et qui gèrent le pays le temps de le remettre au peuple, c’est très bien ! Et aux antipodes de ces courageux militaires qui ont affronté la mort pour sauver leur pays, il y a Faure Gnassingbé, dictateur de la pire espèce, qui paralyse un pays depuis 60 ans en usant de tous les stratagèmes pour rester au pouvoir avec le soutien de la France et des États-Unis. Les uns sont des forces de vie et les autres des forces de mort. Voilà les différences, vous saisissez ? Ces trois dirigeants du Mali, du Burkina Faso et du Niger que je soutiens travaillent dans le sens du peuple avec tout ce que cela implique. La manière dont ces présidents sont arrivés au pouvoir était la seule façon de changer les choses. Il y a aussi d’autres présidents africains qui sont arrivés au pouvoir de la même manière, ceux-là ne sont pas critiqués parce qu’ils continuent de servir les intérêts des impérialistes. Tous les coups d’État se ressemblent mais ne se valent pas. C’est comme la démocratie, ça dépend de qui le fait. N’oubliez pas que ces pays sont critiqués parce qu’ils ne vont pas dans le système que les impérialistes ont mis en place pour maintenir l’Afrique dans la pauvreté.
Envisagez-vous de retourner vivre au Togo à l’avenir ?
Absolument, je compte mourir sur la terre de mes aïeux une fois que le cannibale dictateur Faure Gnassingbé et ses complices seront tous jetés dans une cellule en attente de leur jugement devant le peuple togolais pour haute trahison, assassinat et crime contre l’humanité. J’espère qu’on pourra développer la peine de mort pour eux. Ces gens ne méritent pas de deuxième chance.