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Benjamin BOUKPETI : que devient le seul médaillé olympique togolais ?

Malgré une pluie qui s’est abattue sur la ville de Lomé, dans la capitale togolaise, Benjamin BOUKPETI a répondu à mon invitation à cet entretien qui nous permet de découvrir la reconversion du premier et seul médaillé olympique togolais. “Tu te doutes bien que moi, quand il pleut, je suis content”, a-t-il commencé. Accompagné de sa fille, la dizaine, le kayakiste revient sur sa passion pour le canoë-kayak, mais aussi sur ce qu’il ambitionne de réaliser pour l’avenir de l’olympisme au Togo.

Dans un t-shirt rouge moulant faisant apparaître ses muscles de l’avant-bras, mais aussi de la poitrine, Benjamin est toujours dans une forme athlétique. Cependant, c’est un peu loin de ce qu’il était il y a quinze ans en arrière. Le sportif de 42 ans a naturellement perdu du poids, mais garde toujours son énergie et surtout ce sourire avec lequel son image a traversé le monde entier après l’exploit aux Jeux olympiques d’été, organisés à Pékin, dans la capitale chinoise en 2008.

Benjamin venait de traverser une pluie en cette matinée de juillet 2023 pour me retrouver à notre rendez-vous pour l’entretien. “Quand il y a de l’eau, quand les éléments se déchainent, je me dis que c’est un peu comme une bénédiction. Donc je me dis que je suis au bon endroit”, déclare-t-il tout souriant et très fier d’être le fruit assez riche d’une double culture.

“J’ai dit NON trois fois au Togo !”, Benjamin

Franco-Togolais, Benjamin a choisi de représenter son pays d’origine pour exprimer ses talents sportifs au haut niveau. Cependant, le parcours a été tout sauf ordinaire. “C’est le genre d’histoire où en gros, je suis dans un milieu où il n’y a que des blancs, il faut développer la pratique à l’international et là, en fait, c’est un peu lui. Il doit sûrement avoir une autre nationalité. Donc, on vient me chercher au début, moi, je dis non parce que moi, mon rêve, c’est de faire quand même le sport au haut niveau, j’aime la pratique du haut niveau, j’ai l’impression à ce moment-là que si je leur dis oui, c’est un peu comme brader ma pratique”, a-t-il déclaré d’abord.

Derrière, Benjamin a dit oui au Togo, mais à condition. “C’est un peu comme je vais aller au Togo. Je ne sais pas vraiment s’il y a une fédération et en fait, on va me mettre de côté et moi donc j’ai dit non une fois, deux fois et trois fois et après, j’avais pris le temps de réfléchir et j’ai dit non en fait, ce n’est pas que je ne veux pas aller pour le Togo, c’est juste que si j’y vais, je veux continuer à faire du sport au niveau, donc je leur ai dit quelles conditions vous allez mettre en place pour que si je concoure pour le Togo, je puisse continuer à me développer et être un kayakiste. Et c’est ça, le deal qu’on a fait, et c’est comme ça que j’ai commencé par avancer aux Jeux olympiques à Athènes, faire une demi-finale, et puis continuer jusqu’à Pékin et à Londres”, a-t-il révélé.

Benjamin veut préparer la relève de l’olympisme togolais

Après l’or décroché aux premiers championnats africains de kayak à Nairobi au Kenya, Benjamin était très attendu aux JO de cette même année. C’est alors que, dans la matinée du 12 août, alors que le peuple togolais était scotché à des postes téléviseurs, une énorme fièvre de joie les envahit. Avec le drapeau togolais imprimé sur sa pagaie, il venait de laisser une empreinte indélébile dans l’histoire des Jeux Olympiques, considérés comme la Coupe du monde de kayak. Il termine à la deuxième place et décroche la médaille de bronze.

Plus tard, en 2013, Benjamin a intégré le Comité Olympique Africain en tant que représentant des athlètes. Un coup d’envoi d’une reconversion pour l’ancien médaillé olympique qui veut maintenant aider le Comité national olympique (CNO) de son pays à développer davantage le sport dans toutes les disciplines. Pour y arriver, Benjamin fait d’abord une prospection des réalités avant de savoir quelle stratégie proposer ou quelle expertise conseiller.

“Actuellement je suis en mission ! Ce n’est pas possible de devenir un athlète de très haut niveau si je ne sais pas exactement où j’en suis et que je ne suis pas conscient des ressources dont j’ai besoin pour y arriver, des ressources qui sont là. Donc, ce que je suis en train de faire, je suis en train de comprendre dans quel environnement évolue, je ne peux pas aider les Togolais à devenir d’excellents athlètes, si je ne comprends pas dans quel monde ils sont, je ne comprends pas leurs problèmes, je peux absolument pas aider les grandes autorités, que ce soit le ministère des Sports, ce soit le Comité que ce soit notre Fédération de football. Je ne peux absolument pas prétendre les aider, si je ne comprends pas ce qu’il y a. Donc, pour l’instant, je suis là pour comprendre”, a confié Benjamin.